J’aime ce pastel de Sally Strand.
Même s'il vous a déjà été proposé par Lakevio, je vous le propose.
Pourquoi ?
Eh bien parce que cette « rouquine » me parle.
C’est un sujet – pas un objet – sur lequel j’ai toujours aimé m’étendre.
N’y voyez rien de leste quoiqu’on puisse penser de cette tournure de phrase.
Mais, mon dieu ! Que cette épaule et ce cou pâles me parlent et m’appellent !
Et vous ?
Que vous inspire ce pastel de Sally Strand.
Bien que je vous aie déjà parlé de cette rousse, je pense avoir encore quelque chose à en dire.
Pourtant, ça fait des décennies que je vous en parle mais je suis intarissable car il y a encore tant à découvrir.
Mon cher journal, oublié au fond d'un tiroir, je n'aurai pas cru que je te reprendrais un jour.
Ta dernière date porte le jour du lendemain de l'anniversaire de mes treize ans et sa dernière phrase me saute au yeux!
En travers de la page avec un gros marqueur noir j'avais écrit: JE VOUDRAI MOURIR ! Et je t'ai jeté dans le tiroir pour ne plus t'en sortir !
Les souvenirs me reviennent en mémoire.
A l'époque j'étais une gamine déquingandée avec une tignasse rousse toujours échevelée et des taches de rousseur que j'abhorrais, ajoutez un appareil d'entaire propre à faire craindre le tonerre les jours d'orages. Bref! Je ne m'aimais pas.
Ce jour là, j'avais eu le droit d'inviter des amies pour fêter mon anniversaire. C'était une première pour moi. J'avais perdu mon père l'année précédente et vivais chichement seule avec ma mère. C'est dire si , mon cher journal , tu as connu mes larmes!
J'avais fait les invitations. Trois amies et deux garçons. Deux parce_que je n'avais pas osé inviter directement Johan, coqueluche de la classe, le seul qui m'intéressait et faisait battre mon coeur. J'avais donc invité son meilleur ami et lui.... et ils étaient venus!
Maman avait fait de son mieux. et installé une table dans notre jardin.
J'étais tellement contente...je faisais le va-et viens entre la cuisine et la table pour chercher les boissons et gourmandises empruntant pour cela l'allée qui faisait le tour de la maison.
C'est ainsi que, le sourire aux lèvres, avant de franchir l'angle du mur, je l'ai entendu parler .J'aurai reconnu sa voix entre mille et je me suis arrêtée un instant, le coeur battant,pour le plaisir de l'écouter :
- "Je vous l'avais bien dit, vous avez vu comme elle me regarde la rouquine .... ça vaut le coup d'oeil , non ? Arrangez vous pour prendre une photo que l'on puisse la faire voir aux autres de la classe demain , on va bien se marrer "!
Une seule de mes amies n'a pas approuvé disant mollement : vous êtes vaches quand-même!
- "Que veux-tu , tu as vu sa tronche ? En plus, c'est bien connu , les rousses ça pue ! Beurk !!!"
Sa dernière réflexion a été saluée par un fou-rire general......
Je n'ai pas su gérer, j'étais trop malheureuse.... j'ai dit à ma mère que je me sentais mal et elle a écourté la réunion.
C'est le lendemain que le harcèlement a commencé et continué durant une longue année. J'étais devenue LA ROUQUiNE...et les élèves ricanaient sur mon passage....
Je n'ai jamais oublié cette dernière année de collège. La blessure est restée empoisonnant mon adolescence.
Puis nous nous sommes perdus de vue. J'ai déménagé car ma mère a refait sa vie dans une autre ville.
Pourquoi , mon cher journal, moi, devenue une séduisante trentenaire, je te sors de l'oubli ? C'est que, vois-tu, le hasard est parfois curieux, une histoire n'est jamais finie!
Je suis maintenant directrice régionale d'une grande banque. Ma réussite est le résultat d'années d'études et de travail dans lesquels je me suis réfugiée. Mon poste m'oblige à participer à de nombreux repas d'affaires.
Il va sans dire que je ne suis plus la gamine dégingandée de mes treize ans ...et je ne manque pas de soupirants mais j'ai du mal à faire confiance.
Aussi lorsque j'ai reçu le dossier de demande d'un gros crédit pour la société dont le PDG n'est autre que ce fameux Johan...j'ai demandé à ma secrétaire d'organiser un repas avec ce client pour discuter de certains points du dossier.
Tout est remonté en moi Emoi, colère, rencoeur... mépris.... désir de vengeance....surtout désir de vengeance...
Et me voilà devant mon miroir!
Miroir, miroir! Mon beau miroir !Dis moi : suis-je assez belle ? Va-t-il reconnaître dans la séduisante jeune femme que je suis devenue l'adolescente au physique ingrat qu'il jugeait indigne de lui à l'époque du collège ?
J'ai passé l'après-midi chez l'esthéticienne et le coiffeur. J'ai revêtu la robe verte qui met en valeur l'éclat de mes yeux. Bref! J'ai fourbi mes armes !
Si , par hasard il me reconnaît et qu'il a le culot de jouer le charmeur ( qui sait ?) s'il a gardé la prétention de son adolescence.... je me délecterai du plaisir d'être insensible à ses sous entendus!
Si vous pensez que les souvenirs font ressurgir l'admiration que je lui portais, détrompez vous!
Je souhaite juste très fort qu'il ne me reconnaisse pas ....parce-qu'alors.... je pourrai lui laisser croire que je suis sensible à son charme....ou bien faire traîner son dossier.... sinon ....je m'offrirai le plaisir de laisser planer un doute quand à la décision de la banque.... histoire de le faire mariner un peu.
Ca, je sais le faire ! Si son dossier est solide, il l'aura son crédit. bien sûr......mais il va devoir patienter....patienter....je me fais fort de compliquer les choses et d'être difficilement joignable ensuite !
Tu me trouve bien rancunière , voir machivélique, mais je suis bien décidée à parvenir à honorer le dicton qui dit que "la vengeance est un plat qui se mange froid" !
A MOINS QUE ...........?