Souvenirs...Souvenirs...n°4
Puis, quatre mois après ses dix-neuf ans, il a dû partir à l'armée. Il a été affecté à Brives et pendant quatre mois, durant ce que l'on appelait les classes, bien évidemment pas de permission. Ensuite il venait environ deux jours toutes les deux ou trois semaines. Pas toujours!
Il devait être envoyé en Algérie ( c'était quoique l'on en ait dit ensuite : la guerre !). Cependant, à l'époque l'état français, faisant preuve de mansuétude envers les familles, ne permettait pas que deux frères y soient envoyés en même temps.
Un de ses frères ,René,en était revenu, son temps ( 27 mois) étant terminé, et Roger, le frère suivant ( seize mois d'écart avec Robert) pourtant père d'un enfant né pendant qu'il était sous les drapeaux, y avait été envoyé à son tour.
Robert avait demandé le droit de partir plus tôt pour le remplacer, car il avait charge de famille ! Celà lui avait été refusé. Je n'en étais pas mécontente. Qu'est-ce que l'on peut être égoïste lorsque l'on est jeune et amoureuse!
Hormis le fait que nous ne nous voyons que très rarement, il n'était pas très malheureux à l'armée. Il jouissait même de certaines prérogatives car il était un excellent joueur de clairon. Tout jeune, il faisait partie d'une fanfare de quartier, et, sans avoir voulu apprendre le solfège, il connaissait par coeur toutes les sonneries militaires! Il en abusait, car il jouait parfois certaines sonneries en "fantaisie" ce qui n'était pas de mise à la caserne.
Pendant ce temps, j'attendais...j'attendais... et je lui écrivais ! Bien que peu porté sur l'écriture, il m'écrivait aussi et le facteur de mon quartier me taquinait lorsque j'attendais sur le seuil de la maison l'arrivée du courrier!
Comme je ne demandais plus à sortir,( le bal avait perdu de son charme), ma mère avait pris l'habitude que nous allions au cinéma au moins deux fois par semaine.
Puis, son frère étant enfin rentré, ce fut son tour de partir.
Lorsque je l'ai accompagné à la gare , sur le quai de départ, le train était plein de jeunes militaires insouciant et plaisantant en me voyant, verser toutes les larmes de mon corps, pendant que mon "promis" montait dans le wagon! Aux fenêtres, plusieurs se sont mis à chanter en choeur :
T'en fais pas la Marie t'es jolie !
T'en fais pas la Marie, j'reviendrai !
Il y aura du bonheur plein la vie,
T'en fais pas la Marie ........
Je ne sais pas si vous avez connu cette chanson. A l'époque de la guerre d'Algérie il y avait beaucoup de chansons parlant de fiancées et de soldats partis au loin !!
Toujours est-il, que j'ai repris le chemin du retour, toujours noyée dans les larmes. Les gens qui me croisaient devaient penser que j'avais perdu père et mère!!!!
Il faut savoir que mon frère Michel, parti là-bas quelques mois avant, avait été affecté au corps d'armée "GENIE" et le camion qu'il conduisait avait sauté sur une mine pendant qu'une balle l'avait touché au bras. Pas trop grave, juste une belle estafilade! Il avait eu de la chance.
Heureusement que la seule photo que je possède soit floue !
Mon dieu !!! Comme l'on change! Jeunesse , où es-tu?
Ca fiche le cafard !!!
ou plutôt bonsoir , et à demain, en principe!!!