Bruno et la boxe...
Je publie mes écrits dans l'ordre des évènements de notre vie familiale, et il s'en passe dans une vie !
Bruno et la boxe
Je ne trouve plus dans mon tiroir, de feuillets écrits à l’époque. J’en trouverai peut-être d’autres, plus tard, quand je ferai du rangement ! Pour me rappeler les années suivantes, il ne me reste plus que les souvenirs.
Bruno est resté environ deux mois chez Marcelle et Jean-Paul, puis, il a pris un petit appartement en location. Bien évidemment, le projet de construction avait été abandonné.
Il s’est beaucoup investi dans la pratique de la boxe. Il a trouvé dans ce sport, un exutoire à son chagrin. Il pouvait donner libre cours à toute la colère qu’il avait emmagasinée et contenue, durant ces deux dernières années.
Avant de monter sur le ring, il avait toujours une pensée pour Valérie, c’était devenu un rituel.
Alors qu’il était, bien évidemment, toujours de petite taille (un mètre soixante- cinq pour cinquante- quatre kilos), et que son frère soit, également, toujours plus impressionnant que lui physiquement, c’est Bruno qui a réalisé quelques jolies victoires dans ce sport.
Robert, qui, soit dit en passant, pour supporter les derniers évènements ainsi que les traitements qu’il subissait, s’était remis à fumer (alors qu’il avait cessé depuis vingt ans) le suivait lors de tous ses combats. De nature plutôt casanière, il a tenu à suivre son fils à l’autre bout de la France, le conseillant lors de ses rencontres pugilistiques. Il avait d’instinct, le sens de la boxe. C’est un sport qu’il aime beaucoup. Il était de très bons conseils. Pourtant la situation lui était moins agréable quand c’était son fils qui montait sur le ring. Pas toujours très facile à assumer !
Ainsi, en l’espace de deux- ans –et-demi, Bruno est arrivé en finale du championnat de France, qu’il a perdu de très peu ! D’après l’avis de son père, le résultat aurait pu prêter à contestation. Je fais confiance à son jugement, car l’impartialité est une de ses qualités, surtout dans le sport ! De toutes-façons, vice- champion de France en si peu de temps, c’était déjà une belle performance !
Le plus surprenant, c’est que son frère Pascal, qui a, une seule fois, été le voir combattre, n’a plus jamais voulu y retourner ! Il ne supportait pas de rester inactif et mourrait d’envie de monter sur le ring pour lui prêter main forte ! Voir son frère recevoir des coups, le rendait vraiment malade !
J’ai encore la cassette que j’avais enregistrée lorsqu’un journaliste l’avait interviewé pour la radio. Il l’avait présenté comme : Petit et teigneux sur le ring, mais éminemment sympathique en dehors !
Personnellement, je n’ai même jamais essayé d’assister à un seul de ses combats. J’attendais, en transes, qu’il passe à la maison après chaque rencontre. Il n’a jamais été trop marqué au visage, parfois l’arcade sourcilière ouverte (c’était son point faible) pour moi, c’était déjà trop ! Surtout que mon boxeur de fils n’appréciait pas, mais alors pas du tout, la nécessité, ensuite, de se faire poser trois ou quatre points par le médecin. C’était quand-même un comble ! Par contre, les hématomes sur les jambes (qu’il a fluettes : héritage de son père !) n’étaient pas rares et il les assumait sans difficulté !
Il a cessé de disputer des combats, parce-que cela créait une gêne, quand, dans son travail, il recevait des clients. Un graphiste l’arcade sourcilière ouverte ne faisait pas très sérieux. Le travail passait avant. Son but n’a jamais été de faire une carrière de boxeur, mais la pratique de cette discipline l’a beaucoup aidé durant les deux premières années de son veuvage.
De plus, il était maintenant très performant dans son métier de graphiste. Il a donc décidé de s’installer à son compte. Nous avons trouvé un appartement présentant les conditions requises, tant pour travailler que pour recevoir la clientèle.
Très rapidement la réussite a été totale. Son banquier était content, Bruno aussi, car il avait en tête, pour plus tard, un autre projet.