Nous avions donc décidé d’avoir un second enfant. En mon for- intérieur je pensais : ce sera une petite fille cette fois !
J’avais une chance sur deux !
Si Eric, compréhensif ( !) est arrivé avec un mois d’avance, Bruno a pris son temps !
Il a même dépassé la date prévue pour sa venue au monde de plusieurs jours !
Nous n’avions toujours pas de voiture et habitions toujours chez mes parents.
Donc, partie à pieds à la maternité pour une consultation j’y suis restée car il avait été jugé plus sage de provoquer l’accouchement.
J’étais particulièrement fatiguée et ce ne fut pas une mince affaire !
Après le court passage en couveuse de « bébé » d’une petite journée, nous nous sommes retrouvés avec un second garçon ! Robert n’était pas déçu ! D’après lui, c’était une chance pour moi ! Il préférait pour moi ! Je verrai !
Je verrai quoi ? … A l’usage ?
C’était bien une réflexion de bonhomme !….. Peut-être qu’il avait dans l’idée de me consoler ! Je n’en avais pas besoin ! Personnellement, mon espoir d’avoir une petite fille a vite fait place au grand bonheur d’avoir un second fils.
Un petit peu plus petit que son frère mais selon la formule consacrée : parfaitement constitué.
Depuis le début de ma grossesse, j’étais sujette à de très fréquents évanouissements. J’étais donc en arrêt de travail. Après la naissance et les deux mois de « congé postnatal » Robert a décidé (avec mon accord) que je cesserai de travailler jusqu’aux trois ans de Bruno.
Robert avait été titularisé nous nous sommes mis en quête d’un logement et, nous avons déménagé. Un petit appartement près du jardin public de Bordeaux. Pas le grand confort, mais suffisant quand-même, en attendant mieux ! Robert n’en était pas fan : la vie en ville ne lui plaisait pas. Il n’a d’ailleurs pas changé d‘avis depuis ! Les odeurs de gaz d’échappement lui semblent la pire des pollutions !
Ma mère encore une fois n’était pas très contente ! Elle n’approuvait pas notre déménagement. Elle me faisait la tête lors de nos visites ! Mais cela n’a pas duré !
Mon père qui commençait à être malade est venu voir notre logement bien qu’il ait eu beaucoup de peine à gravir le petit escalier obligatoire pour y accéder.
Bruno était un gentil bébé ! Il poussait sans problème ! On dit que le second d’une fratrie de trois a hérité de la plus mauvaise « place ». Je confirme !
Durant ses six premiers mois, Eric ayant commencé la maternelle, le partage était équitable en ce qui concernait mon attention. Bébé n°2 pouvait se croire fils unique, au moins pendant les heures d’école. Bruno était mon bébé et son frère aîné mon « grand » !
Il était extrêmement dégourdi. D’humeur égale. Il a su très tôt se saisir de son biberon et le boire tout seul. C’était un adorable blondinet au très joli visage et aux yeux noisette toujours curieux ! Contrairement à son frère qui frisait, il avait les cheveux très fins et raides.
Il était très sociable alors que notre aîné était plutôt sauvage.
Bref ! Vous l’avez compris !
Il était le plus beau ….. Et c’était MON fils !!!
-Je vous entends penser … : quel parti-pris !
- …..Et je vous réponds :
- Mais non ! J’étais juste une maman, portant un jugement de maman, je n’étais toujours pas …….
CHAUVINE ……
Il avait seulement huit mois lorsque je me suis de nouveau retrouvée enceinte . Sans l'avoir programmé cette fois!!.
Nous venions d’entreprendre les démarches pour faire bâtir et il était dans nos projets que je reprenne un emploi. Depuis toujours c’était le rêve de Robert : avoir « Sa « maison, neuve ou à « retaper » . Evidemment, il n’en était plus question, mais nous avons maintenu notre projet quand-même. Pas question de revenir sur notre décision première.
J’ai fait quelques travaux à domicile. Tricotage (j’avais une machine) et surtout garde d’enfants. Notre petit logement avait tout d’une nursery. Je dépannais les mamans même pour peu de temps. Parfois juste le temps qu’elles aillent faire leurs courses.
Nous avons ainsi pu faire face à nos engagements.
La contre- partie était que je n’étais pas aussi disponible pour Bébé n°2 que je l’avais été pour le premier. Il a dû me partager !
Il faut avouer aussi qu’il était tellement facile que j’en ai peut-être abusé.
Abusé c’est un bien grand mot ! Disons que la sagesse de mon bébé, une fois le grand conduit à l’école, m’a facilité les choses.
Dès-que j’avais un moment libre, je partais le promener au jardin-public le long des grandes allées ombragées. C’était aussi la promenade du soir lorsque Robert rentrait du travail. Eric pédalant sur son tricycle et moi poussant le landau. C’était une façon de fuir la ville pour Robert !
Et pour moi, ces instants étaient précieux. J’étais… disponible pour ce qui est le plus important : mes enfants !
Bruno poussait tranquillement. Il a marché un petit peu plus tôt que son frère.
Il avait à peine deux ans et demi lorsqu’il est entré à la maternelle. C’était un tout petit bout de chou ! Un jour que j’allais le récupérer ainsi que son frère, je ne l’ai pas trouvé dans la classe où je l’avais conduit le matin. L’institutrice m’a alors expliqué que je le trouverai dans l’une des deux autres classes de petits, car, après la sieste, les institutrices pistaient l’instant de son réveil et la première à le voir ouvrir les yeux l’emmenait dans sa classe !
Contrairement à son frère aîné tout en retenue, Bruno était très sociable.
Pour la kermesse de l’école, chaque maîtresse le voulait dans son spectacle ! Comme il manquait un cavalier, c’est lui qui, costume en velours noir et jabot et poignets de dentelle avantageux, a hérité de deux cavalières. Il s’est donc retrouvé sur le devant de la scène, du haut de ses trois ans (mais que j’habillais encore en deux ans !) tenant une petite fille à chaque main, pour débuter le spectacle !
Succès assuré dès le premier coup d’œil ! Le journaliste présent ne s’y est pas trompé, il a immortalisé le moment pour illustrer l’article paru dans le journal.
Cette facilité d’être à l’aise en toute situation lui est restée. C’est l’artiste de la famille !
Lorsqu’il avait quatre ans, ma mère est allée passer un mois chez ma sœur aînée qui, avec son mari, était propriétaire d’une imprimerie. Bruno était du voyage, Eric ne pouvant pas manquer l’école.
Nous sommes allés les récupérer à la date prévue. Je m’en rappelle comme si c’était hier !
Ma sœur n’avait pas d’enfant. Ceci explique peut-être cela, car le couple n’a pas trouvé plus intelligent que de nous proposer, de, carrément, leur confier Bruno. Pas pour quelques jours supplémentaires, non ! Pour l’élever ! Nous garantissant de lui assurer un bel avenir, comme par exemple l’héritage de l’imprimerie !
Il faut vraiment ne jamais avoir eu d’enfant pour imaginer une chose pareille ! Robert n’a pas pris de gants pour exprimer son ressenti. Proposition fermement et non moins sèchement refusée.
Comment avaient-ils pu, imaginer que nous puissions , seulement envisager une telle possibilité ?
Ma sœur m’a expliqué plus tard, que Bruno les avait fait « fondre »par son intelligence et sa sagesse !
Je veux bien, mais elle oubliait une chose d’importance : cet adorable gamin était (et est toujours) le nôtre !
Toute la fortune du monde ne nous ferait pas accepter de nous en séparer
Puis, l’adorable gamin a grandi. Il est entré à l’école primaire.
Aucun problème. C’était un élève… correct. Il travaillait bien sans trop faire d’effort.
Malgré sa petite taille il n’a jamais manqué d’assurance. D’ailleurs, il ne craignait rien se sentant protégé par son aîné. Eric avait toujours un œil sur lui. Malheur a qui s’en serait pris à son petit frère !
Il a joué au football, comme ses frères. Cela lui a valu quelques vols planés mémorables, mais il a suivi les conseils de son père qui lui disait :
-N’aie pas peur ! Si tu as peur, tu te feras mal !
Il a aussi tâté de la gymnastique. Extrêmement doué dans ce domaine (eh ! oui ! ça aussi !) nous avons dû lui faire arrêter ce sport sur conseil médical, afin qu’il ne se muscle pas trop et soit gêné durant sa croissance. Il restait toujours de petite taille.
Pa-contre, il est une chose qu’il a développée avec beaucoup de facilité, c’est son sens de l’humour, de la gentillesse, et de la taquinerie.
A une époque, j’ai vraiment envisagé la possibilité de l’orienter vers une école du cirque, mais il n’y en avait pas vers chez nous. Il avait et a toujours le don d’observer le monde et les personnes autour de lui et de les mimer très fidèlement. Il sait débusquer le petit geste que l’on exécute sans même s’en rendre compte et qui fait que l’on se reconnait immédiatement lorsqu’il nous imite.
Parfois ; lorsque c’était, enfant, aux dépens de l’un de ses frères, cela ne se passait pas toujours bien ! Ce qui ne l’a jamais empêché de continuer !
Finalement, c’est dans le dessin qu’il s’est le plus réalisé. Il avait à peine douze ans lorsqu’il a commencé à s’y intéresser. Comme la plupart des enfants il a un peu (très peu) tâté du dessin des personnages de dessins animés, puis il est passé très rapidement à plus sérieux à son goût : nature, portraits, etc… en se référant aux conseils puisés dans les livres de conseils de bases spécialisés que je lui achetais.
Il a très vite constitué un bon dossier de ses dessins qui lui a été très utile quand il a postulé pour une place d’apprenti graphiste.
Son professeur de dessin en classe de troisième conseillait de penser aux beaux -arts lors de son orientation.
Mais, ça je l’ai déjà raconté dans « Bilan de Famille ».